Quand le demi devient un marathon

C’est après avoir réussi mon premier marathon en solo, à l’automne 2021, que j’ai pris la décision de transformer mon demi-marathon des pompiers de Laval en marathon complet, question d’avoir toujours un objectif clair et précis à atteindre, et je n’allais pas être déçu de ma décision.

Le départ doit se faire à 7h, et même si je ne suis pas très fort en maths, j’arrive quand même à calculer que je dois avoir terminé mon déjeuner à 4h, donc lever du corps à 3h du… de la nuit rendu là !

Je me suis couché tôt, et puis j’ai eu l’impression, comme toujours, de ne dormir qu’à un œil, alors je suis debout assez rapidement, et j’enfile mon bol de Vector plutôt rapidement, vient ensuite la banane, un peu de Holos, et finalement quelques cuillérées de miel.

Je bois beaucoup d’eau, je n’ai pas envie, mais vraiment pas envie de cramper à cause de la déshydratation.

Petite séance de gun à massage avant de tout préparer, et je saute dans mon auto à 5h.

Le rendez-vous étant très tôt au Cosmodôme de Laval, je suis dans les premiers arrivés vers 5h25, et la quantité d’eau a fait son chemin dans mon organisme, mais aucune toilette sèche à l’horizon, oups ! Les navettes quittent aux environs de 6h pour nous amener jusqu’à la caserne #5 de St-François, et durant tout le trajet je n’arrête pas de me répéter que j’y suis, finalement, c’est le jour “J” tant attendu, la course où je vais profiter du moi amélioré pour traverser la distance de façon officielle, et j’essaie de garder en tête que je suis là pour m’amuser.

Rendu sur place, petit arrêt obligé à la toilette, je ne m’en sors pas, et je ne suis assurément pas le seul ! Et dès mon entrée sur la ligne de départ, je constate à quel point le nombre de participants est nettement moins élevé que lors de mon 10 Km de 2019.

La température est parfaite, je rencontre des gens de Deux-Montagnes qui me reconnaissent pour m’avoir vu souvent courir. Tout le monde a l’air hyper joyeux, et le départ se fait un peu après 7h. Tout m’apparaît tellement festif, surtout avec cette sirène qui hurle à tue-tête, c’est totalement la joie !

On a toute la rue pour nous, alors pourquoi se contenter de courir à droite ?

J’avais ciblé le lapin de 3h45 lors de l’attente du coup d’envoi de cette 10e édition, mais je n’ai pas pris de temps à plutôt apercevoir celui de 3h30, que j’ai finalement rattrapé aux environs du Km 15.

Mais entre-temps, je constate, bien sûr, à quel point le décor est magnifique, en particulier le bord de l’eau, et puis les arbres, toujours, j’ai envie de tous les prendre en photos. Mais je suis dans une course officielle, alors je ne me permets pas d’arrêt, mais je sors mon téléphone pour prendre quelques clichés, plusieurs fois même, puisque je sais que plus tard l’énergie sera réservée à la course exclusivement.

Alors voilà, je suis dans ce peloton de 3h30, pleinement conscient que mon meilleur temps, non officiel, est de 3h58, alors je me questionne à savoir à quel point il est judicieux de suivre ces gars, et ces 2 filles, qui courent 30 minutes plus rapide que mon meilleur temps. Le coach, sur mon téléphone, me dit que mon allure est en-deçà des 5 minutes du Km, alors je suis bien conscient que je ne tiendrai probablement pas la route jusqu’à la fin, mais qu’à cela ne tienne, je sens toujours mes jambes aussi fraîches, et le cardio, lui, est bien sûr totalement à l’aise, c’est-à-dire que je suis très loin de pomper l’huile comme y dirait !

Ça se poursuit ainsi jusqu’à St-Vincent-de-Paul, donc à mi-parcours, je me suis arrêté à 100% des points de ravitaillement, jusqu’à maintenant, pour consommer soit du Gatorade, soit de l’eau, alors j’ai confiance que l’hydratation est au top. Cependant, c’est le début des montées, et ça coïncide avec la perte de vue du peloton.

À prime abord, j’ai l’impression d’avoir énormément perdu de la vitesse à partir de là, y compris avec mon passage dans le Centre de la Nature, je cours pas mal seul, et c’est à partir de l’Avenue du Parc que je commence à être dépassé par les gens du demi.

De retour sur le bord de l’eau, je prends conscience que si j’ai un vent de face aussi évident, c’est que je vais l’avoir pas mal tout le long de la course, du moins jusqu’à la montée vers le Centropolis. Je cours toujours seul à ce stade-ci, et il est hors de question que je brise mon allure pour aller me coller à qui que ce soit, je fais avec, et à dire vrai, compte tenu du soleil qui devient de plus en plus évident, j’en profite pour être plutôt rafraîchi.

Après analyse, je pense pouvoir dire que l’allure a été bonne jusqu’au Km 32, là où je n’aurais pas dû me contenter de m’hydrater, mais aussi de consommer quelque chose de plus solide, car durant les 10 Km qui ont suivi, tout a été en périclitant.

Et le coup de grâce est porté lors du passage de la voie ferrée sur le Boulevard Cartier… Je savais donc que ces quelques mètres allaient être pénibles, mais là, je ne suis même pas capable de courir la montée au complet, et inutile de raconter à quel point la descente est pénible, avec ce “plus de jambe” pour me soutenir, il ne m’en faut pas plus pour frapper mon mur de plein fouet, le mal de cœur y compris, je viens alors de compléter mon 36e Km.

À ce stade-ci, je suis de retour sur le bord de l’eau, et j’ai plutôt l’impression de me traîner les pieds difficilement alors que je vois passer, en coup de vent, Guy du club des Guépards. Nous nous sommes salués une seule fois à l’entraînement, et je ne suis tellement plus moi-même que je me permets de l’interpeller par son prénom. Il a la gentillesse de se retourner, à moitié, et me demander si ça va. Je suis tout content d’avoir croisé quelqu’un que… que je ne connais pas tellement en fait, mais je lui dis que ça va bien.

Ouf ! Ça me change les idées, pour ne pas dire le mal de place, mais pour si peu de temps, car là y a le f*#!u faux-plat d’Armand-Frappier qui m’attend ! Mais quel calvaire à faire subir à mes pauvres jambes qui ne sont plus capables d’en prendre ! J’ai carrément l’impression de trottiner, pour ne pas dire clopiner tellement les genoux ne montent plus !

Mais bon, y a des gens partout, y compris à la dernière caserne, qui sont là pour nous encourager, ça fait réellement une différence ! Du moins, je ne suis pas à me morfondre sur la douleur ressentie, ou bien à me demander ce qui a bien pu me passer par la tête de faire une course pareille.

Je réalise que si ça fait longtemps que j’ai perdu de vue le lapin du 3h30, je n’ai jamais vu passer celui du 3h45, alors j’ai encore bon espoir d’arriver à faire un “bon temps”.

Ne reste alors plus que quelques Km à parcourir, puis enfin le dernier, EN-FIN ! J’entends une coureuse dire qu’il ne reste que 750 mètres, je CA-PO-TE ! Je cours en plein milieu du boulevard St-Martin, ça me fait toujours spécial, j’arrive à la ligne d’arrivée, je n’ai même plus de jus pour une accélération finale, je me laisse glisser, emporté par cette vague d’applaudissements et de cris, jusqu’à mon 3h44sans aucune crampe, je suis complètement gris, ivre de bonheur d’avoir atteint mon objectif…

Mais qui aurait dit ça en 2018 ?

Avec mon collègue de course Guy.
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