Ottawa ma belle, je te veux encore !

J’écris mes publications comme je cours mes marathons, c’est-à-dire en prenant le temps qu’il faut pour tout savourer correctement.

Pour la première fois de ma vie, je n’ai pas seulement couru un marathon, mais j’ai passé une fin de semaine complète de course avec la plus belle des coureuses, avec la meilleure des coureuses, avec Helene mon amoureuse.

Et quoi de mieux, par-dessus tout, de faire une dernière sortie de préparation, la veille de l’épreuve, avec mes amies Geneviève et Manon avec qui nous sommes allés jouer à travers les lettres Ottawa au marché By.

Après une nuit de sommeil parfaite, la levée du corps s’est faite à 3h comme si de rien n’était. Et étonnamment, j’avais déjà tellement faim ! Le déjeuner consommé, ajustement de la liste de lecture ensuite, puis de retour au lit pour laisser la digestion faire son oeuvre. J’ai même réussi à me rendormir !

Pour la première fois de ma vie, aucune angoisse. Comme si j’étais absolument au bon endroit, au bon moment, avec la bonne personne. Disons seulement que mon niveau de zénitude n’a jamais été aussi élevé.

Le départ étant donné, nous nous engouffrons dans les rues d’Ottawa avant de filer dans un parc, suivi d’une portion plutôt rurale avant de parcourir ce que j’appellerais un coin perdu. À noter ici que je n’ai jamais regardé la carte du parcours. À l’intérieur de ma bulle, je ne fais que suivre les autres coureurs qui me dépassent à qui mieux-mieux.

À travers tout ça, je croise Danny du club de course les Guépards. Mais seulement parce qu’il a levé bien haut sa main et son index. Ça a attiré mon attention (il ne m’en faut pas tant habituellement pour me faire perdre le focus), et je suis allé volontiers lui taper dans la main, question de rehausser un tantinet mon niveau d’énergie.

Fait étonnant, rendu à un certain point, c’est la sensation d’être absolument et totalement PAS essoufflé ! Je mets les pieds un devant l’autre, et j’empile les Km sans ressentir aucun stress au niveau du cœur et de la respiration.

C’est pourquoi plusieurs fois durant le trajet je dois me répéter de bien gérer mon allure. Je regarde régulièrement ma montre et me rappelle de ne pas me laisser aller à celle générale qui voudrait que je coure sous les 5 minutes du Km.

Je m’arrête à tous les ravitos sauf un. Je consomme mes jujubes et mon sirop à tous les 5 Km également. Et le ventre répond à la perfection, c’est-à-dire sans aucune crampe aucune.

Et bien sûr, dans les environs du Km 33 ou 34, je commence à ressentir les nombreuses montées et descentes qui commencent à me brûler les cuisses ardemment. Et étrangement, pour la première fois de ma vie, je dépasse tellement de coureurs dans les montées alors que je me reconnais moi-même comme étant plutôt très pourri dans les ascensions.

Je réussis donc à ne pas déroger de mon plan jusqu’au moment où les gens du demi rejoignent ceux du marathon. Alors là j’espère voir Helene et/ou mon collègue Jeff question de terminer la course avec eux.

Mais là se pointe le lapin de 3h40 qui me dépasse… Je flanche ! J’envoie paître mon plan de match comme un vulgaire papier mouchoir. Je lui dis : Va chier, pas vrai que je n’arriverai pas à faire 3h40 ! Mais c’est qu’il roule franchement plus que ce que mes jambes avaient pris l’habitude de me donner rendu là. Je me fous alors royalement de ce que mon corps peut encore m’offrir. Total manque de respect envers moi-même, et je m’y colle comme si ma vie en dépendait. J’ai l’impression de flotter et suis totalement abasourdi par mon allure durant au moins 1 Km où on se faufile parmi la TONNE de gens.

Et puis BANG ! Ou bien CRACK ! Je ne suis pas certain du bruit, mais les cuisses lâchent, se déchirent comme ! Même plus moyen d’avancer en marchant. Obligé de m’accroupir, j’attends quelques secondes pour que les muscles se replacent, y compris le mollet gauche qui en a profité lui aussi pour sauter dans la parade des crampes.

Je repars donc, et c’est alors que je réalise qu’il me reste plus de Km à parcourir que ce que ma montre indique. Ça me contrarie légèrement, mais rendu là, on dirait que je suis à nouveau tombé dans un mode où j’ai juste envie de terminer l’épreuve pour la retrouver. Je m’arrête une deuxième fois pour répéter le même manège, et rendu à l’arrivée elle y est.

Pour la première fois de ma vie, j’ai vu 12 minutes de + que ce que j’aurais souhaité sur ma montre, et j’ai souri comme jamais en tombant dans ses bras. J’avais réussi l’épreuve des côtes d’Ottawa avec brio en 3h42.

Ottawa ma belle, je te veux encore !

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