À défaut d’être triathlète, je peux au moins dire que je suis marathonien ! Et pourtant, même si j’en fais depuis 2021, c’est seulement cette année que j’ai pris conscience que j’en suis réellement un. Pas vite le gars ! Et puis s’il faut faire au moins un marathon par année pour avoir droit au titre, j’en fais au minimum deux, alors je suis correct.
Comme je suis un gars d’habitudes, je me lève à 3h pour terminer mon déjeuner vers 3h45. Et puis s’en suit la séance du gun à massage, puis la relaxation sur le sofa, pour finalement embrayer sur la routine du départ. Et à 5h, après 3 petites heures de sommeil, ma blonde embarque dans la sienne, et à 5h45 on file vers le métro.
Quelle belle surprise, à Montmorency, que de pouvoir faire le trajet avec notre amie Geneviève, avec qui nous n’avons nullement planifié le coup. Et rendu à Berri, il y a bien cette petite angoisse qui s’installe en voyant la quantité de gens agglutinés au métro Berri, en direction du site. Mais comme le flot des fidèles est pratiquement toujours en mouvement, on se retrouve rapidement dans un wagon, et les sensations redeviennent rapidement sereines.
Rendu sur place, la foule est déjà très dense, et ce n’est pas le temps de lésiner pour aller se placer en file pour les toilettes. Nous rejoignons alors Marie-Pier et Valérie, ce qui nous fait gagner quelques places quand même !
Mais fidèle à mon habitude, je manque à nouveau ma vague pour finalement me ramasser dans la #7 (je devais partir dans la #4). Après coup, je dirais que c’est une erreur que je ne veux plus commettre. Être pris pour marcher, puis trottiner dans les premiers 500m, ce n’est pas la fin du monde. Mais devoir accélérer continuellement durant les 10 premiers Km pour arriver à passer les gens devant moi, ce n’est pas une expérience que je veux revivre.
Contre toute attente, mes mollets tiennent le coup jusqu’à la toute fin, jusqu’à environ 100m de l’arrivée. Cependant, c’est au courant du Km 8 que je sens celui de gauche me faire signe. Je sens bien que je dois ralentir un peu, mais pas facile quand tu as l’impression que tout le monde va trop lentement. Je dois effectuer de multiples accélérations, et c’est dès le Km 10 que mes cuisses me font sentir que j’ai possiblement exagéré un peu.
C’est au Km 14 que j’effectue mon premier ravitaillement avec ma blonde, et que je me fais dépasser par Marie-Pier qui file à vive allure jusqu’à St-Laurent. Et après 1 ou 2 Km sur ce très long boulevard, je réussis finalement à me tenir à sa hauteur.
Une fois rendu dans le quartier résidentiel, au moment où on a un peu l’impression de tourner en rond, avant de retourner sur St-Laurent, c’est là que je commence à remarquer les gens qui souffrent. Ça me rappelle tellement mon édition 2022 où mon genou droit avait lâché. Et je note alors que mon allure oscille maintenant entre 5:15 – 5:20, et je commence à comprendre que je ne vais probablement pas faire mon 3h30.
Qu’à cela ne tienne, et comme j’ai dû faire à Ottawa, je m’applique à gérer mes cuisses qui s’alourdissent dangereusement. C’est que je ne tiens pas à arriver au Km 34 avec plus aucune capacité d’avancer.
En plein milieu du boulevard St-Laurent, je suis à la recherche des portions d’ombre, car le soleil frappe, somme toute, assez fort pour ce temps-ci de l’année. Et je file allègrement le chemin inverse jusqu’à mon 3e point de rencontre avec ma blonde. Eh oui, elle n’a pas réussi à être présente au point #2.
L’avenue St-Hubert avait marqué la mort de mes mollets l’année passée, mais pas cette fois-ci. Je poursuis avec mon approche au sol sur la plante des pieds, tout en dépassant des gens, mais en sentant toujours davantage mes jambes s’alourdir. En fait, elles brûlent comme lors de mes entraînements de vélo avec les Fainéants… Ça pince au niveau des cuisses comme dirait mon entraîneur Jo.
C’est le Km 35 ou 36 qui marque le dernier point de rencontre avec Namour d’Amour, sur Sherbrooke, alors que je profite du dénivelé négatif. Pour la suite des choses, ça se passera au Parc Maisonneuve.
La très fameuse question à savoir pourquoi je m’inflige tout ça ne me vient pas à l’esprit. Cependant, celle à savoir comment je pourrais un jour réussir à faire un marathon après avoir fait de la natation et du vélo me triture les méninges quelque peu. Et comme je n’ai bien sûr pas du tout la tête à résoudre cette énigme, je la tasse tout simplement pour plus tard.
Et là j’ai comme un flou, mes idées s’embrouillent durant les derniers Km, probablement après avoir frappé mon mur. Je revois tout de même cette pancarte où est inscrit ce judicieux conseil :
Don’t trust your farts at this point!
Ça fait toujours du bien de rire un peu, même si ça fait un peu trop travailler les abdos à ce stade-ci. Et à dire vrai, je ris jaune maintenant, au tournant d’un coin de rue qui monte, et que je vois ces 3 filles qui embrayent à une allure pas permise. Mais là, je n’ai même plus la force d’être frustré, je veux juste conserver mes énergies pour terminer. Et malgré tout, je me console en continuant de dépasser d’autres coureurs malgré tout.
Et alors que le Parc Maisonneuve se dessine, je sens ce doux regain d’énergie, et cette pensée magique qui me chuchote tout bonnement :
Si tu accélères, ça sera terminé bien plus rapidement !
Puis le panneau indiquant les 200 derniers mètres marque le départ de mon accélération finale alors que mon mollet gauche se met à m’injurier. Et à mon tour de l’envoyer chier ! Ce n’est pas vrai que je vais ralentir alors que le tapis rouge défile sous mes pieds ! No way!
Le fil d’arrivée traversé, merci mon Dieu, il n’y a plus ces marches ridicules à monter pour aller récupérer ma médaille ! Je me demande si un jour ils se donneront la peine de concevoir une médaille digne de cet événement. Quand on regarde celle d’Ottawa, on peut un peu mieux comprendre la nature de mes propos. M’enfin ! Je sens la même plénitude m’envahir que celle d’Ottawa justement. Mon temps n’est pas celui espéré, mais j’ai complété la course en un seul morceau, sans crampe aucune, et je saurai encore mieux m’alimenter la prochaine fois grâce aux bons conseils de Mélanie.
Parce que c’est fou de même ! Je suis rendu à un point où je n’ai plus besoin d’attendre quelques jours pour savoir que je veux en faire un autre. Un peu comme la femme qui se retourne et demande à son mari, tout de suite après avoir accouché, de lui faire un autre enfant.
Bien hâte de voir ça en 2025 !
Les 3 défis de l’après marathon
Défi #1
Je me suis senti bien durant les quelques minutes qui ont suivies, mais le mal de coeur m’a obligé à aller à la toilette. Et qui dit toilette chimique peut très bien comprendre que c’est loin d’être le meilleur endroit pour se départir d’un mal de coeur. Mais j’avais aussi mal au ventre. Pas facile de s’asseoir, puis de se relever après un marathon !
Défi #2
Rejoindre ma blonde qui n’avait pas le droit de se trouver où j’étais parce que c’était réservé aux coureurs. Et on oublie l’appel vidéo alors que tout le monde essaie de contacter tout le monde ! Je n’ai juste plus de jambe, alors j’hésite à me déplacer « pour rien » on va dire. On a quand même réussi avec la bonne vieille ligne téléphonique à se contacter et se retrouver près des autobus jaunes.
Défi #3
Défi ultime s’il en est un, ce fut de faire le trajet du parc jusqu’au métro en descendant toutes les marches qu’il y avait à descendre. Y compris les marches du métro, puis trouver un banc pour s’assoir.
J’ai été très heureux de pouvoir me trouver une place assise jusqu’à Montmorency, et puis regarder ma blonde s’amuser et me faire sourire comme elle sait si bien le faire à tous les jours où nous sommes réunis.
MERCI mon Amour d’avoir fait de ce marathon le plus beau à ce jour alors que c’était TA fête. Tu es la meilleure pour alimenter la flamme qui m’habite, même lorsqu’elle ne s’apparente plus qu’à un feu follet.
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