Salut mon père !

Je sais, ça fait un bail qu’on s’est parlé, plus de 5 ans même !

Quoi de neuf… Que du vieux ! Comme tu dirais si bien !

Sinon, et bien je me suis remis à la course à pied, pour la énième fois. Tu peux bien rire, mais cette fois-ci j’ai des programmes, et de bons résultats tout de même. Du moins, ça va en s’améliorant, mais j’ai changé de créneau, c’est-à-dire que je ne fais à peu près jamais rien en bas de 5 Km comme distance, alors qu’avant c’était mon maximum.

Et comment je me souviens quand j’avais six ans, tu avais bien compris que pour moi tout était prétexte à courir. Il m’arrivait même d’être l’homme de 6M$, de courir au ralenti, et je faisais les bruits aussi. C’est devenu plus sérieux quand j’ai commencé à gagner des médailles à l’école… et c’est là que j’ai réalisé à quel point je suis toujours aussi mauvais perdant, alors que d’autres diront que je suis compétitif, enfin, tout dépend du point de vue j’imagine ! Il aurait fallu m’enseigner qu’on trouve toujours plus fort que soi, ça m’aurait peut-être permis d’éviter ma dernière blessure au genou, mais encore là, tête de cochon comme je suis, j’ai toujours juste envie de suivre les meilleurs, mais au moins j’ai compris que je n’ai plus besoin de les dépasser. Je me sers d’eux pour m’améliorer, mais à mon âge, parfois juste ça c’est trop.

Ce qui m’a décidé à m’y remettre… Si tu savais ! Eh bien c’est une paire de shorts dont le bouton a traversé la chambre tellement j’étais trop coincé dedans. L’abus du vin les fins de semaine, et puis les Skittles, et en fait, cette drogue qu’on appelle “sucre”, disons que ça n’a pas aidé. Alors t’as pas idée comment ça m’a mis hors de moi, je me suis dit que j’avais finalement atteint mon poids maximum… Hum, et bien 170 livres, et même 175 livres quelques jours après l’événement, ça aura été un poids inégalé à ce jour.

Y a vraiment toutes sortes de drogues sur le marché !

Eh bien oui, tu as raison, je suis pas mal loin des 800 & 1500 mètres pour lesquels je m’entraînais dans mon jeune temps. Mais sur de plus longues distances, je peux plus facilement espérer exploser mes records.

Et comment je me souviens des 1600 mètres que je faisais dans l’Ouest de l’île ! Et puis t’aimais bien ça comment je terminais mes courses, complètement vidé, crevé à l’os. Je râlais comme c’était pas possible durant les 100–200 derniers mètres, puis je m’écroulais une fois que j’avais franchi la ligne d’arrivée.

Ne restait plus qu’une carcasse vide.

Aujourd’hui c’est différent, je pars bien tranquille, question de laisser les jambes se mettre dans le rythme, et puis j’augmente l’allure au fur et à mesure que la distance progresse. Ça m’est déjà arrivé de partir pour un 10–12 Km, et puis finalement m’arrêter après 21,1 Km tellement tout roulait bien.

Et puis peux-tu croire que je fais maintenant des marathons ? À chaque fois que j’entendais parler de celui de Montréal, je me racontais à quel point il était évident que, même si j’ai toujours aimé la course à pied, je n’allais jamais participer à un tel événement. Et pourtant, devine quoi ! C’est ça qui est ça ! J’ai finalement participé !

Je cours n’importe quand… Le matin c’est plus difficile, on dirait que la machine est rarement con[sen]tente, surtout la semaine, mais la fin de semaine, pour mes sorties longues, j’aime vraiment beaucoup ça capturer le lever du soleil, je trouve que ça fait des photos fantastiques.

Le ciel brûle au bout de la nuit.

Et puis le midi, c’est surtout si j’ai été trop lâche pour me botter le cul le matin. Mais je pense pouvoir dire que mes meilleurs temps, en entraînement, se font entre 16h & 17h, s’il ne fait pas trop chaud.

Et puis je cours même la nuit parfois, dans un boisé sans lumière près de la gare de Ste-Dorothée, m’a te dire, t’as pas le choix d’avoir une lampe frontale, sinon tu cours carrément à l’aveugle.

En tout cas tu tripperais de voir mon capteur de puissance, jumelé à ma montre, c’est comme si j’avais, à portée de la main, ou des pieds, un programme et un entraîneur en tout temps, c’est vraiment génial !

Tout ça se synchronise automatiquement dans “les internets”, et puis même toi tu pourrais aller voir mes résultats sur ton mini, et m’encourager avec quelques kudos…

Mais c’est ici que le silence s’installe pour de bon. Tu n’iras pas t’enquérir de mes exploits, et je ne pourrai pas non plus te les raconter. On se croisera dans un rêve, je me poserai la question à savoir où tu étais passé durant ces 5 dernières années, et je me dirai que je dois profiter du temps qu’il me reste avec toi parce que je t’aime de tout mon cœur, et que je ne saurai pas quand tu partiras pour de bon.

Finalement, je me réveillerai, j’aurai le cœur en lambeaux, et je me dirai qu’une bonne petite sortie longue me fera le plus grand bien pour évacuer ce doux rêve amer qui laissera tout de même une trace de mélancolie durant un temps.

Salut mon père !

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