J’ai tant rêvé !

À cette marchande de porcelaine, et ses lèvres si écarlates qu’elle accapare encore tous mes rêves d’une nuit d’été. Je suis dès lors traversé par un long soupire qui m’inspire et m’aspire à l’extérieur de mes ténèbres, le temps d’expirer complètement. Et pourtant, à chaque fois, les mensonges se composent de notes noires et blanches, créant la plus belle des sonates. Et je devine sa bouche aussi douce que l’eau sur le bout de mes doigts alors que je la touche.

Mes yeux se désaltèrent après avoir trop pleuré le désert de son absence. J’ai voyagé de rêve en cauchemar pour la retrouver, complètement pétrifié parfois, alors que je sentais mon cœur battre de ma poitrine jusqu’à mes tempes. Les larmes se mélangeant à la sueur de ma peur.

Un fondu au noir m’amène à la scène suivante où un violent mouvement de pinceau trace les maux qui me hantent, et mon crayon les colorie alors doucereusement pour les embellir. Je suis satisfait car ils sonnent moins amers dans ma bouche lorsque je les raconte.

Après avoir autant foulé cette contré lointaine, ce Saharide, j’ai rejoint mon bercail pour savourer cette eau fraîche. Mes yeux se sont alors fermés, et toutes les couleurs se sont éteintes au moment où la nuit s’est infiltrée en mon âme perdue.

J’ai tant voulu être quelqu’un d’autre ! Profiter de ce rêve pour m’envoler et me faufiler entre les rayons du soleil jusqu’à ce que mes ailes brûlent d’un désir si ardent que ma gorge soit complètement desséchée. Mes poumons se seraient alors liquéfiés, et mon cœur se serait embrasé, brûlant sur son passage les barreaux de ma cage thoracique.

Mais au lieu de cela, un simple murmure, répété à quelques reprises de sa part, a tout rétabli. La réinitialisation de mon noyau interne a été complétée avec succès. Je suis passé à la prochaine version de moi-même.

Le mirage s’est alors volatilisé, remplacé par le mirage suivant. Et comme j’ai toujours aussi soif, je me penche pour accueillir, dans le creux de ma main, une première rasade d’eau qui fait naître l’espoir en des jours meilleurs.

Les notes de piano raisonnent à nouveau dans ma tête, et elle est toujours là, imperturbable, buvant à même le cours d’eau qui me ramène à la réalité.

Air brush par Mélissa Noiseux
J’ai tant rêvé !

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