Tout commence toujours durant la nuit, et même bien avant quand on y pense bien comme il faut. Mais comme mon programme a été respecté quasi à 100% (2 entraînements manqués à cause du camping avec ma fille), alors inutile de revenir sur cette portion de la préparation.
J’ai donc passé la journée de samedi à m’immiscer dans ma bulle, et ce jusqu’à mon coucher avant 21h.
Alors à 3h30, quand mon téléphone m’a dit que l’heure avait sonné, j’avais dormi tout mon dû, et j’ai enfilé mon petit déjeuner rapidement pour ensuite aller chercher mon ami Jean à 5h30, direction métro Montmorency où j’avais des amis Guépards qui y étaient déjà.
Rendus à Berri, ma foi, il y avait du monde comme ce n’était pas possible ! Et rendu sur place, la foule commençait à être dense, mais les toilettes étaient encore pleinement accessibles.
Le prochain défi était de retrouver mon amie Cleaudine pour lui refiler mes petits remontants à consommer lors du parcours. Non sans peine, nous y sommes arrivés, et puis nous avons enchaîné sur la recherche des vagues.
Il est utile, ici, de préciser que je vis habituellement mes préparations de course de façon solitaire alors que je termine de m’envelopper dans ma bulle, et je vis ma course comme un seul homme. Donc cette expérience était complètement nouvelle où j’ai eu à socialiser plus qu’à mon habitude. Je souhaite alors ne pas avoir eu l’air trop étrange.
Alors départ à 7h48 pour moi, après les élites, et le temps de marcher jusqu’à la bande électronique qui démarrait mon chrono.
Ça faisait un moment que j’avais visité les toilettes, alors durant les premiers Km, j’ai été pris par cette fâcheuse manie d’essayer de trouver le meilleur endroit pour aller me soulager. Mais rendu au Km 5, une toilette sèche plus tard, et je filais le parfait bonheur.
C’est donc aux environs du Km 10 que j’avais mon premier ravito avec Cleaudine, et heureusement qu’elle avait sa cloche pour attirer mon attention sur Ste-Catherine, parce que je l’aurais absolument manquée. Et quelques secondes plus tard, je quittais Ste-Catherine pour monter la côte de Berri.
C’est pas mal rendu après la bifurcation du demi et du marathon que j’ai vécu mes grands et beaux moments de solitude, marqués par plusieurs encouragements des passants qui étaient présents tout le long du parcours. Et quel plaisir de se faire encourager par son prénom !
Sur St-Laurent, je me souviens avoir pris une tangente vers la gauche pour aller courir sous l’ombre des arbres malgré la température super clémente. Et d’avoir suivi cette femme, à une allure un peu trop rapide à mon goût, mais avec qui les pas s’étaient synchronisés.
J’avais aussi en tête de ne jamais trop m’approcher du 4:30 du Km puisque ça avait tué mon mollet gauche lors de mon dernier marathon. J’ai donc constamment jeté un œil à ma montre pour m’en assurer.
Il y avait quand même nettement moins de monde que sur Ste-Catherine, alors je n’ai rencontré aucune difficulté à apercevoir Cleaudine au Km 21.
Et rendu au Km 24, je me suis bien sûr remémoré ce moment tragique où mon genou droit avait flanché l’année dernière. Mais cette fois-ci, toute la mécanique est restée intacte. Et même au Km 25, et au 26, et au 27, alors que je revoyais Cleaudine, je remontais St-Laurent à ce moment, et ce fut l’inverse qu’en 2022 alors que j’ai commencé à dépasser les gens, et à en voir certains qui semblaient au bout du rouleau. Alors que moi, pour vrai, je filais encore le parfait bonheur et que je me maintenais une allure un peu au-dessus de 5 minutes du Km.
C’est finalement au Km 32 que mon mollet gauche m’a raconté son désarroi, et j’ai dû faire une très courte pause pour le remettre en place. Ce fut la seule fois où j’ai dû m’arrêter pour lui faire plaisir.
Cleaudine m’avait avoué ne pas être certaine de pouvoir se rendre à temps au Km 34, alors quand j’ai vu ce jalon atteint sur ma montre, j’ai laissé faire le ravitaillement du marathon en me disant que j’allais préférer le mien. Il faut savoir que je m’arrêtais aussi aux ravitos question de me dessécher la bouche un peu.
Mais là, pas de Cleaudine après le ravito. Donc j’ai poursuivi en me disant que ça allait être ça qui allait être ça jusqu’à la conclusion. Mais rendu à Sherbrooke, qui je ne vois pas ? Donc nous aurons réussi nos quatre ravitaillements prévus, et moi je continuais à dépasser les gens, pour mon plus grand bonheur, alors que j’avais encore ce souvenir de l’année passée où j’ai marché environ du Km 34 au Km 42. Donc inutile de vous raconter à quel point j’avais trouvé le temps long.
À aucun moment je me suis posé la question à savoir pourquoi je m’infligeais tout ça tellement j’étais heureux d’arriver encore à courir, et d’enfiler si rapidement les Km les uns après les autres.
Et je tournais un coin de rue en me disant : Ah oui, je me souviens cette rue, l’année passée, je l’avais trouvée donc rushante à monter, en marchant. Et encore, je voyais certaines personnes qui marchaient, et je les dépassais, et mes jambes continuaient de m’amener toujours plus loin.
J’ai pensé regarder ma montre, mais à quoi bon me mettre cette pression alors que ça se passait si bien ? J’ai juste laissé tomber l’idée !
Finalement, le fameux mur s’est pointé au Km 39 alors que j’ai senti une vive chaleur au niveau du cœur. Je me suis dit, à ce moment-là, que j’avais hâte que ça se termine. Mais encore là, au risque d’avoir l’air redondant, je continuais de rejoindre, et dépasser des gens… Non mais quand le côté compétitif arrive à t’amener plus loin, aussi bien en profiter !
Et puis dans les derniers 500m, alors que le Stade était plus que tout près, ça sentait bon la fin de course. Il y avait toute cette foule en délire, comme si j’étais une rock star, et puis je me suis même permis une belle accélération… Question de m’assurer que le gars en-arrière ne passe pas avant moi
Au diable les deux mollets crampés ! Moi je me fais plaisir
Donc après plus de deux ans d’entraînements marathon, je peux finalement dire que j’ai été en contrôle du début à la fin, ce qui fait de cette course-là plus belle à mon actif à ce jour. Et en bonus, mon meilleur temps à vie sur cette distance
ATTEINDRE LE VENDREDI DE MES MARATHONS
En revenant chez moi avec mon ami Jean, je me suis senti comme ce fameux vendredi où j’avais réussi à faire une descente complète en planche à neige sans tomber
Il y a de cela plusieurs années, un lundi, alors que j’avais fait une seule fois du ski alpin, j’ai pris la décision d’acheter l’équipement de planche à neige d’un collègue de travail.
Le soir même, nous décidions de nous rendre au MSS, et j’allai même jusqu’à me procurer une passe de saison pour les soirées. Est-ce utile ici de dire que je n’ai encore jamais enfilé ce type d’équipement sur une montagne enneigée ?
Alors me voilà à ramper jusqu’au remonte-pente, et à traverser la pire soirée de ma vie. Jamais eu mal aux fesses de même de toute ma vie !
J’étais, non seulement brûlé (c’est fatiguant toujours avoir à se relever, et à freiner, et puis tomber, et puis se relever…), mais j’étais absolument frustré d’avoir été aussi poche.
Je suis revenu le mardi soir, et ma foi, ce ne fut pas tellement meilleur ! Possiblement, quand même, un peu meilleur, je n’ai pas une très bonne mémoire. Mais pour moi, c’était encore une fois une énorme faillite.
Impossible alors que je ne revienne pas mercredi, et puis jeudi. Alors là ça commençait à rentrer un peu.
Et puis vendredi, en fin de soirée, j’ai finalement réussi à glisser du haut de la montagne jusqu’au remonte-pente sans tomber une seule fois
Eh bien la joie que j’ai ressentie ce vendredi-là, c’est exactement celle que j’ai ressentie dimanche après avoir foulé le tapis rouge de l’arrivée… Plus de deux ans plus tard !
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