Ça m’a frappé, cette phrase, dans un des épisodes de Genius, couvrant la vie de Picasso.

J’étais convaincu, étant plus jeune, que j’allais un jour être publié, et qu’il fallait seulement que j’aie cette idée lumineuse, c’est-à-dire LE sujet à exploiter. Et pourtant, aujourd’hui encore, je n’ai toujours écrit aucun contenu qui soit minimalement potable pour qu’un éditeur se donne la peine de le publier.

Et là je viens de lire, dans quelques articles sur les bonnes habitudes de vie, qu’il est primordial de tenir un journal, ou à tout le moins, créer l’habitude d’écrire… Plus facile à écrire qu’à mettre en pratique !

Mais pourquoi est-ce que ce récit demeure scotché dans la colonne des items bloqués ? Est-ce cette crainte morbide de réveiller les démons enfouis, ou bien cet oiseau de malheur dans ma cage thoracique qui se mettrait à croasser ce désir de trépasser ? Je ne sais trop.

Et puis il y a aussi le fait que, dans mon travail quotidien, j’écris, et j’écris, et j’écris encore et encore. Que du transfert d’informations, mais ça demeure quand même des tonnes de mots qui sont envoyés par courriel, alors rendu au soir, dans la pénombre de mon sous-sol qui me sert de bureau, retourner au clavier pour écrire librement ce qui me passe par la tête, sans politique, sans diplomatie aucune, alors aussi bien dire que ça fait plutôt étrange.

Je reviens à la série Genius, et puis Picasso avec sa phase cubiste. Comme ce fut étrange de ressentir ce frisson d’extase en voyant une œuvre qu’on ne comprend pas du tout. Juste avoir l’impression d’être placé face à quelque chose qui dépasse notre entendement, et trouver cela d’une beauté sans nom. Un peu comme quand j’écoute Ludovico Einaudi, et ses notes répétitives qui me remplissent d’une mélancolie… sans nom encore une fois.

La vie est composée de millions de petits plaisirs, comme ces moments d’extase furtifs, face à une œuvre, et il suffit simplement de les attraper et de les savourer.